Rénover oui, mais rénover bien
Pourquoi un tel retard dans la rénovation énergétique des copropriétés ? Est-ce dû à une mauvaise volonté des propriétaires d’effectuer des travaux, à des difficultés organisationnelles ou à des aides insuffisantes pour financer le projet de sortie de passoire thermique de son logement ?
Ce ne sont pas les propriétaires les plus à blâmer dans cette histoire. En effet, un récent sondage révèle que 41 % d’entre eux soutiennent l’interdiction de vendre des logements énergivores. C’est sans compter sur les 52 % favorables à l’application de l’obligation de la rénovation énergétique, et ce, même pour les propriétaires occupants. Les propriétaires de passoires thermiques en copropriété démontrent également leur bonne foi en se disant prêts à payer plus pour la réalisation de travaux de qualité, quitte à conditionner le montant des aides financières à la performance du chantier de rénovation (74 %).
44 %
Un parcours semé d’embûches
Face à leur volonté de rénover leur bien, les copropriétaires sont confrontés à plusieurs obstacles majeurs. À commencer par la première difficulté, faire voter et financer des rénovations globales en copropriété pour des travaux d’ampleur. En effet, 79 % des copropriétaires désirent entamer d’importants travaux et effectuer une réelle démarche d’amélioration de leur habitat. Or, voter le budget pour le financement d’une isolation de façade peut effrayer certains propriétaires face au prix annoncé par les professionnels. La prise de décision collective est un frein pour beaucoup de copropriétés et ce ne sont pas toujours les propriétaires les plus en difficulté qui font barrière au projet de rénovation. 60 % des sondés estiment que les copropriétaires aisés bloquant les travaux de rénovation thermique devraient être sanctionnés. Par ailleurs, 75 % souhaitent plus d’aides pour ceux qui entreprennent des travaux individuels d’économie d’énergie.
Ensuite, et sans grande surprise, la conjoncture politique actuelle pose problème. Les changements fréquents dans les critères d’éligibilité et les montants des aides, comme ceux observés en 2024, compliquent la compréhension et la planification des travaux de rénovation énergétique. Pour pallier ce point de blocage, 78 % des copropriétaires demandent l’application d’une loi garantissant la stabilité des aides à la rénovation énergétique sur plusieurs années.
Les échéances pour la mise en conformité des passoires thermiques sont également jugées trop courtes par de nombreux copropriétaires, bloquant la mise en place des travaux. Les biens classés G+ sont déjà interdits à la location, et ce sera bientôt le cas pour les biens classés G en 2025, F en 2028 et E en 2034.
15 %
Quelles solutions pour la rénovation énergétique en copropriété ?
Afin d’accélérer la rénovation énergétique en France, un accompagnement financier complémentaire doit être mis en place. Les copropriétaires proposent plusieurs pistes à ce sujet pour faire baisser la facture : réduire significativement le prix de l’énergie de 75 %, faire contribuer les locataires aux coûts des travaux à hauteur de 54 % et faire financer l’intégralité des rénovations par les pollueurs (65 %) ou par l’État (61 %).
En conclusion, bien que les copropriétaires soient conscients des enjeux et favorables à la rénovation énergétique, ils font face à des obstacles concrets. Une meilleure stabilité des aides de l’État et des solutions financières innovantes pourraient leur permettre de surmonter ces défis.