La surélévation d’immeuble, un procédé déjà utilisé par de nombreuses villes
En février dernier, le Premier ministre a détaillé les grandes lignes de son cahier de route pour le Logement. Parmi les différents axes de travail à l’étude, la construction à la verticale. Pour étayer son propos, Gabriel Attal a évoqué le cas de Nice, qui a entrepris une étude sur le potentiel de la surélévation dans ses quartiers et ses alentours. À cette occasion, le Premier ministre a également annoncé le lancement d’une étude similaire pour l’Île-de-France dès le printemps.
Ce procédé n’est pas nouveau. Des villes comme Montpellier ou Lyon l’ont déjà utilisé. La métropole de Lyon a d’ailleurs déjà intensifié ses efforts sur le sujet en identifiant des opportunités pour créer 250 logements supplémentaires à court terme grâce à cette approche.
« Nous soutenons la surélévation, mais ce n’est pas parce que nous allons ajouter quelques étages ici et là que nous allons résoudre la crise du logement », Grégory Doucet, le maire de Lyon.
La construction à la verticale a en effet ses limites. Elle ne s’applique pas à toutes les surfaces et ne peut, à elle seule, répondre à l’enjeu majeur du moment : produire du logement en masse.
« C’est un potentiel. Après, il faut étudier les plans locaux d’urbanismes (PLU), convaincre, quand il s’agit de bâtiments privés, les copropriétés. Techniquement, ce n’est pas simple non plus. », Anthony Borré, adjoint chargé du logement
Un procédé qui n’est pas au goût de tous et notamment des riverains
Alors que l’artificialisation des sols est la lutte du moment, la surélévation des immeubles émerge donc comme une alternative prometteuse. Pour autant, elle n’est pas toujours vue du bon œil par les riverains.
« Il n’y a pas tant que ça d’immeubles qu’on peut surélever, c’est rarement consensuel dans le voisinage, et c’est potentiellement cher si on doit renforcer la structure », Jacques Ehrmann, le directeur général d’Altarea
Pourtant, en copropriété, ce procédé peut s’avérer intéressant. La vente des droits à construire en hauteur représente par exemple une opportunité financière pour les copropriétaires, leur permettant de valoriser leur immeuble par le biais de projets de rénovation ambitieux. En effet, étant donné les contraintes liées à la rénovation énergétique des immeubles, qui impliquent des coûts non négligeables, la surélévation peut servir à la fois de source de financement pour ces rénovations, tout en contribuant à atténuer la rareté des terrains disponibles. Cette approche peut également jouer un rôle dans la stabilisation des prix, notamment dans les marchés immobiliers en zone montagneuse.
Autre frein : les syndics et les promoteurs ne sont pas encore pleinement impliqués dans ce mouvement. La cause ? Les promoteurs sont habitués à des opérations plus simples et la construction en site occupé nécessite une approche différente. Quant à la réticence des habitants face à la construction en hauteur, il est nécessaire d’engager une démarche pédagogique, en collaboration avec les architectes, pour démontrer que la surélévation n’est pas incompatible avec leurs attentes.
Globalement, professionnels et politiques sont d’accord sur une approche : pour sortir de la crise, le marché exige des « mesures en rafale ». C’est précisément ce qu’entend faire le Premier ministre, en activant tous les leviers possibles pour redynamiser le secteur. Affaire à suivre.
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