Des projets de réhabilitation déjà en cours
Constat flagrant : les centres commerciaux sont délaissés par les Français depuis la dernière crise sanitaire. Leur fréquentation a diminué de 13 % entre 2019 et 2023, laissant d’importantes zones de commerces et de parkings inutilisées. Face à ce bilan, plusieurs grands groupes ont décidé de changer l’usage de ces emplacements.
Le plan stratégique Carrefour 2026
Dans son plan stratégique pour 2026, Carrefour a, en effet, annoncé la réalisation de plusieurs opérations de mixité urbaine en exploitant ses sites commerciaux. Pour l’un de ces projets, le groupe s’associe au promoteur immobilier Nexity.
L’objectif est ici de transformer 76 zones commerciales en y intégrant des logements, des commerces, des bureaux d’activité et de l’hôtellerie. Des espaces verts viendront également agrémenter les alentours de ces sites, la volonté du groupe étant de promouvoir la mobilité douce.
Les emplacements concernés par ces opérations englobent à la fois des hypermarchés, des supermarchés et des magasins de proximité, totalisant une superficie d’environ 800 000 mètres carrés, avec le potentiel notamment de générer la construction de 12 000 nouveaux logements.
Une partie de ces zones sera totalement rénovée, tandis que l’autre, notamment les parkings de centres commerciaux ou les zones d’entrée des villes, sera aménagée pour accueillir de nouvelles constructions.
« Notre patrimoine immobilier nous place au cœur du tissu urbain. »
Alexandre Bompard, PDG du groupe Carrefour
Pour Carrefour, cette démarche vise à créer de la valeur à partir de ses propriétés foncières. L’objectif, déclaré en novembre dernier, était de générer 500 millions d’euros de valeur grâce à des transactions immobilières, tout en contribuant à la lutte contre l’étalement urbain. À noter que ce processus est loin de faire l’unanimité.
Le projet parisien du groupe Unibail
Le groupe Unibail-Rodamco-Westfiled, principalement connu comme étant un géant des centres commerciaux, s’intéresse désormais au Logement. Cette volonté date de 2021, période à laquelle le groupe a fait le recensement de l’ensemble de ses actifs immobiliers. Conclusion ? Un potentiel de développement de près de 2,4 millions de mètres carrés, dont la moitié pouvant être du résidentiel. Fort de ce constat, le groupe a décidé de s’attaquer aux centres commerciaux parisiens.
Plusieurs programmes mixtes sont donc dans les tuyaux :
- La création de logements au-dessus du centre commercial de Rosny-sous-Bois et sur certaines zones de stationnement,
- Le complexe des 4 Temps dans le quartier de la Défense pourrait également intégrer de l’Habitat.
Le groupe a déjà entamé le chantier de la Tour Triangle à Issy-les-Moulineaux qui prévoit d’ici 2026 d’accueillir des commerces, des bureaux, un hôtel, un centre de conférences, mais à priori pas encore des logements. Cette possibilité est actuellement envisagée par le groupe.
L’alternative idéale à la loi zéro artificialisation nette
Alors que l’Assemblée nationale a finalement adopté la loi sur la zéro artificialisation nette des sols, ces mètres carrés représentent une immense opportunité pour ces groupes. Pour rappel, la loi prévoit une réduction de moitié du rythme d’artificialisation des terres d’ici 2030 et une interdiction totale d’ici 2050. Pour atteindre ces objectifs, il devient donc essentiel d’optimiser l’utilisation des infrastructures existantes et de les rénover.
Cette alternative marque définitivement un changement significatif pour les promoteurs immobiliers, qui devront progressivement délaisser la construction et se diriger vers la rénovation.