66 % supplémentaires de subvention pour MaPrimeRénov : une augmentation sans précédent
En cette période estivale, le Gouvernement a annoncé l’augmentation de 66 % du budget annuel de MaPrimeRénov‘. Celui-ci passera, en effet, de 2,4 à 4 milliards d’euros pour l’année 2024.
Ce déblocage de fonds répond à la volonté de la France d’atteindre les « objectifs verts » fixés pour 2030, soit de réduire de 50 % ses émissions de C02 par rapport au niveau de 1990. L’augmentation de ce budget fait donc partie des 7 milliards d’euros mobilisés dans le cadre de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. À noter que les investissements climat de l’État représentent environ 25 milliards d’euros dans le budget 2023. L’objectif est donc clair pour l’exécutif : mettre les bouchées doubles en 2024.
La France a réduit d’environ 25 % ses émissions de CO2 en 2022.
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5,6 milliard d’euros engagés depuis 2020 dans le cadre de MaPrimeRénov
Il faudra attendre le projet de loi de finances de 2024 pour avoir le détail de cette nouvelle affectation de crédit. L’objectif de cette augmentation serait d’atteindre les 200 000 rénovations globales en 2024. À noter qu’à ce jour l’Agence nationale de l’habitat n’en a recensé que 34 000.
Depuis son lancement en 2020, MaPrimeRénov’ est toutefois un levier efficace d’incitation à la rénovation énergétique. Selon Olivier Klein, ministre du Logement, le dispositif a aidé plus de 1,5 million de Français sur un montant total engagé supérieur à 5,6 milliards d’euros.
Empreint à des dysfonctionnements, le portail MaPrimeRénov’ a fait l’objet de près de 500 réclamations en deux ans. Les utilisateurs doivent, en effet, obligatoirement créer un compte pour effectuer leurs démarches et ces dysfonctionnements auraient eu d’importantes conséquences sur le versement des aides.
Un dispositif insuffisant pour initier une rénovation globale
Depuis 2020, MaPrimeRénov’ a laissé apparaître certaines de ses limites.
- Des subventions difficiles à obtenir,
- Un délai d’attente important,
- Des prises en charge considérées comme insuffisantes dans un contexte d’inflation, avec un reste à charge encore trop important.
« En intégrant les travaux induits (peinture, électricité, plomberie), les aides représentent en moyenne 15 % du montant des travaux, elles ne suffisent donc pas à en garantir le financement. Le reste à charge, trop important, est ainsi souvent un frein majeur pour le passage à l’acte.»
Romain Villain, directeur général de Heero, start-up spécialisée dans la recherche de solutions de financement pour la rénovation énergétique des propriétaires occupants et bailleurs.
La start-up Heero souligne d’ailleurs d’autres limitations de MaPrimeRénov’ et notamment celles concernant l’isolation thermique. Le programme actuel ne prévoit, en effet, aucune aide spécifique pour l’isolation des combles perdus. De la même manière, l’isolation par l’extérieur, souvent recommandée pour améliorer l’efficacité énergétique, est restreinte à une surface maximale de 100 m², tandis que la taille des travaux réalisés atteint en moyenne 120 m².
L’échéance fatidique pour les passoires thermiques
Depuis le 1er janvier 2023, la location de logements classés G+ est interdite. La loi Climat et Résilience a établi un calendrier sur les différentes échéances à respecter : les passoires thermiques de classe G seront concernées par cette interdiction en 2025, puis les logements anciens classés F en 2028. Le Gouvernement souhaite aller plus loin et mettre l’accent sur la performance et l’efficacité énergétique dans les projets de rénovation. L’évolution de MaPrimeRénov’ découle donc de cette ambition.
À partir de l’année prochaine, les ménages devront obligatoirement être accompagnés par un professionnel certifié pour pouvoir bénéficier des aides financières destinées à la rénovation globale. Cet accompagnement sera gratuit pour les ménages à revenus modestes. Quant aux autres, ils pourront prétendre à une aide pouvant atteindre 2 000 euros, contre un maximum de 1 200 euros actuellement. L’objectif est d’encourager la rénovation en offrant, en contrepartie, une assistance financière.
- À lire sur ce sujet : passoires thermiques, faut-il vendre pour éviter les travaux ?
L’habitat collectif est aussi dans le collimateur de la loi Climat et Résilience
La loi Climat et Résilience s’attaque aussi aux rénovations énergétiques au sein des copropriétés. Depuis le 1er janvier 2023, celles-ci doivent progressivement réaliser un DPE de leurs bâtiments et le traduire en un plan pluriannuel de travaux. Ces impératifs exigent des syndics de s’acquitter de leur devoir de conseil et d’information auprès des copropriétaires.
Or, selon le dernier Baromètre Opinion System – Ifop sur la satisfaction client dans l’immobilier, 44 % des personnes interrogées estiment que leurs syndics ne remplissent pas cette mission. Si le coût des rénovations est souvent le principal frein à la mise aux normes énergétiques, cette étude révèle que 57 % des répondants déclarent ne pas avoir reçu d’informations au sujet des aides financières disponibles.
Une harmonisation des aides financières en vigueur est nécessaire
De manière plus générale, les professionnels du logement réclament une harmonisation des règles entre MaPrimeRénov’ et la prime énergie (basée sur le dispositif européen des certificats d’économies d’énergie). Cette harmonisation permettra, entre autres, de réduire l’écart entre les besoins des propriétaires, les objectifs gouvernementaux et les contraintes pratiques des aides financières en vigueur (comme l’isolation thermique, par exemple). Pour ce faire, il serait judicieux d’évaluer la capacité financière des propriétaires, puis d’adapter en conséquences les conditions d’obtention des subventions. Une telle harmonisation simplifierait les procédures et rendrait la rénovation énergétique plus accessible.
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