Un recul spectaculaire des rénovations en 2024
Dans son dernier bilan, l’Anah a constaté un recul significatif du nombre de rénovation en 2024. De fait, le nombre de logements rénovés dans le cadre du dispositif MaPrimeRénov’ est passé de 569 243 en 2023 à 340 801 en 2024, soit une chute de 40 %. Un constat qui semble contradictoire avec la direction du Gouvernement quant à la verdisation du Logement en France. Pour autant, les données de l’Anah démontrent que ce recul s’explique notamment par la diminution des rénovations énergétiques “simples”, dites monogestes (isolation partielle, changement de chaudière, etc.).
Plus globalement, les raisons de cette baisse sont multiples. La réforme de MaPrimeRénov’ au 1er janvier 2024 a pu décourager certains ménages, faute de visibilité sur les modalités d’attribution des aides. De plus, les pouvoirs publics orientent désormais le budget vers des projets d’ampleur visant un gain énergétique plus important. Enfin, la hausse du coût des matériaux et la conjoncture parfois incertaine ont pu freiner les ménages et les copropriétaires dans leurs projets.
Une hausse encourageante des rénovations d’ampleur
Même si les monogestes n’ont pas brillé en 2024, les rénovations dites « globales » ou « d’ampleur » ont, quant à elles, suscité plus d’intérêt. Pour rappel, celles-ci correspondent à des travaux plus poussés, intégrant plusieurs postes d’amélioration (isolation de l’enveloppe, changement de système de chauffage, amélioration de la ventilation, etc.). L’Anah fait état d’une hausse de 27 % de ces projets en 2024, pour un total de 91 374 logements rénovés de manière globale.
Ces opérations permettent un gain énergétique moyen de 65 %, ce qui se traduit par une forte réduction des émissions de CO2 et, surtout, une amélioration du confort et du coût des charges pour les occupants. Les budgets moyens alloués par logement ont ainsi bondi : l’aide moyenne s’établit à plus de 36 000 € pour les rénovations d’ampleur, contre environ 15 000 € pour les chantiers plus simples un an auparavant.
Budget en hausse, mais incertitudes pour 2025
Si l’on se penche sur la répartition des 3,77 milliards d’euros alloués en 2024 à l’Anah, on constate que 3,29 milliards proviennent du dispositif MaPrimeRénov’, couvrant majoritairement la rénovation énergétique. Le reste englobe notamment :
- MaPrimeAdapt’ qui soutient les travaux prévus pour adapter un logement à la perte d’autonomie.
- L’aide aux copropriétés qui s’adresse aux immeubles collectifs vieillissants.
- Le traitement de l’habitat indigne qui cible les problèmes de salubrité urgente.
- Le financement de l’ingénierie locale qui est un appui technique et administratif dans les territoires.
Pour 2025, le gouvernement avait initialement prévu de raboter de plus de 500 millions d’euros le budget de MaPrimeRénov’. Face à la levée de boucliers, le Sénat a rejeté cette coupe budgétaire. Malgré ce sursis, le budget n’est pas encore figé : le bras de fer entre les différentes instances parlementaires se poursuit.
Les propriétaires face à l’exigence énergétique
Depuis le 1er janvier 2025, les passoires thermiques étiquetées G sont considérées comme « indécentes », interdisant leur location. Cette contrainte réglementaire pousse de nombreux bailleurs à entamer des travaux d’amélioration énergétique. À la clé : éviter la vacance locative, maintenir l’attractivité du logement et se prémunir contre une éventuelle dépréciation de son patrimoine.
Pour les propriétaires, l’accompagnement public (MaPrimeRénov’, aides locales, dispositifs fiscaux, etc.) est donc un soutien précieux pour financer des projets parfois très coûteux. D’autant que les ambitions affichées en matière de transition énergétique (réduction des émissions carbone, amélioration du confort, hausse de la valeur patrimoniale) convergent avec les intérêts des bailleurs soucieux de défiscaliser intelligemment.
Dans un marché locatif de plus en plus exigeant sur la performance énergétique, investir dans la rénovation reste un excellent levier pour valoriser son patrimoine et obtenir des avantages fiscaux. La mise en conformité avec les nouvelles règles (logements indécents, étiquettes G inlouables, etc.) n’est plus une simple formalité, mais bien un enjeu essentiel. Sans nul doute, l’orientation du budget 2025 sera déterminante pour aider les propriétaires à franchir le pas et continuer de bénéficier d’une défiscalisation immobilière avantageuse.
Nos sources :
Anah, Bilan 2024 de l’Anah : un effort massif pour mieux rénover les logements